mercredi 12 janvier 2011

Soirées lectures à Metz

Envie d'écouter d'autres lire à haute voix, des auteurs connus, ou pas. Envie de renouer avec la littérature abandonnée dans un coin de fac, paperasse cachée dans des classeurs sévères qui ne seront probablement plus jamais ouverts.

Heureusement pour moi - et pour d'autres - un rendez-vous lectures est organisé chaque premier mardi du mois au café O Petit Bobourg de Metz.
Le principe est simple : à l'avance on choisit un auteur ou deux d'un même thème et quelqu'un le présente (un peu de sa vie, surtout de ses écrits), on ramène quelques bouquins cornés et gribouillés et on lit pour les autres et soi-même dans une pièce au fond où des œuvres d'un peintre local trônent royalement sur chaque mur. A l'avant, le bar continue de vivre avec sa musique, ses verres qui s'entrechoquent, son bruit de café qu'on jette et qu'on remplace. Les retardataires s'installent et écoutent. Deux heures maximum de (re)découverte avec une petite pause pour se chercher de quoi se désaltérer ou rêvasser ou zieuter un des livres. On partage tout : ces bouts d'auteur(s), ses idées, ses questions, ses envies.
Et même si des fois la musique à côté est un peu forte, même si des fois on ferait bouffer le marc de café à celui qui ose en commander un, troublant ainsi la lecture, eh bien c'est agréable et convivial. Et mine de rien, ça donne envie d'en lire plus. Et de partager plus aussi.

Ce soir nous avons eu droit à Jean-Pierre Duprey (1930- 1959) et Stanislas Rodanski (1927-1981), deux auteurs qui ont marqué la fin du surréalisme. Bien que nés à la même période, chacun possédait son style d'écriture. Et je suis tombée amoureuse de Duprey, peut-être parce qu'il était fou. J'ai toujours aimé les décalés, ceux qui inventent leur propre monde, imaginatifs et sensoriels. Je dois vite me procurer quelques-unes de ses œuvres... En attendant, j'ai trouvé ce poème sur le net :

De très loin du soleil

Il y a une cave dans une partie du ciel et les chiens taisent le nom de cette lune-là..
La mer penchée dedans, est un gage de larme.
Il y a aussi a la maison du ciel, toute blessée d'une fenêtre inquiète, ouverte sur une rue
Où donnent
De grands anneaux mouvants, de grands ciseaux d'ailes, utiles comme des dents.

Qui, sans ces oiseaux, s'occuperait de noircir l'aurore?
J'ai recopié ce monde en tant d'exemplaires que ses racines me changent les mains. et mon corps s'y déplace et le reste avec, avec ma bouche mordue à la suite des pierres.
Avec moi le crève-chêne
Et l'attrape-tête,
Le crêpe-temps
et l'oiseau sec du ciel, les animaux sans terre et des mains creuses de vent.

Maintenant quelquefois, dans le miroir désespérément ouvert, je me vois cuire un coeur soulevé d'un horrible battement jeté de très loin du soleil.

In "La fin et la manière", Soleil Noir 1970




Page consacrée aux soirées sur le site d'O Petit Bobourg

Nouvelle découverte aussi, celle d'un fanzine poétique où des poèmes en tout genre à connotation surréaliste sont publiés : http://traction-brabant.blogspot.com/

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