samedi 24 septembre 2011

Des ateliers MTI (musique traditionnelle irlandaise) en Lorraine

Voilà un projet qui voulait voir le jour depuis un moment déjà ! Nous sommes nombreux en Lorraine à participer à des sessions irlandaises, mais généralement, le problème que nous rencontrons, c'est que les mêmes sets de tunes sont rejoués quasi systématiquement, et qu'il est rare que quelqu'un propose de lancer de nouveaux morceaux, de peur de se retrouver tout seul à jouer car inconnu sdes autres sessionneux. Alors l'idée a germé, lancée au départ par notre doyen des sessions à l'Irish Pub, René. Et puis le départ de Virginie en Irlande a laissé Blossom, mon groupe de musique irlandaise, en standby : de fait, tout ce temps libre destiné à nos répétitions pouvait être réinvesti dans un travail cette fois-ci plus collectif. Après une réunion blossomique à trois, nous avons décidé de relancer la proposition de René et mettre en route les premiers ateliers.

Voici les arguments avancés de l'intérêt de ces ateliers :

- Nous sommes nombreux à débuter de nouveaux instruments de MTI
- Nous avons besoin de leaders pour nos sessions d'une manière globale, mais pour cela il nous faut du répertoire
- Il est important de jouer des tunes/sets que l'on connaît afin de les jouer ensemble (surtout quand on débute, par quoi commencer ?)
- Apprendre à jouer en même temps, s'écouter, placer des ornementations aux mêmes endroits par exemple, etc.


Je vous invite tous à lire ce qui suit. Les ateliers débuteront officiellement le dimanche 2 octobre à Terville dès 16h30. Ils ont ouverts à tous les intéressés. Pour figurer dans la mailing-list de ces ateliers, recevoir le calendrier ainsi que l'adresse exacte du point de RDV envoyez-moi un mail sur reb.noel@gmail.com.


Comment se dérouleraient ces ateliers et qui est concerné ?

 Le principe de base est simple :

♣ Quiconque souhaite découvrir et apprendre de nouveaux sets dans une ambiance conviviale, est le bienvenu, débutants tout comme confirmés (les personnes maîtrisant leur instrument auront leur place, puisqu'ils pourraient mieux conseiller les nouveaux venus d'un point de vue technique et matériel).

♣ Chacun est libre de proposer un SET (de 2 à 3 morceaux qui se suivent et qui vont bien ensemble) qui lui plaît. Le plus gros du répertoire sera basé sur les traditionnels issus du répertoire Comhaltas, afin que chacun puisse s'intégrer à des sessions hors Lorraine. Bien sûr si d'autres chouettes sets sont proposés, il va de soi qu'ils pourront être étudiés.

♣ Il y aurait un atelier par semaine (jour et lieu fluctuants sans doute pour arranger les uns et les autres) secteurs Nancy-Metz-Thionville-voire Luxembourg.

♣ Le set qui sera à travailler pour la semaine suivante sera défini le jour de l'atelier : chacun aura accès à un ou plusieurs fichiers audio ainsi que des partitions des tunes afin de préparer le set de son côté (avoir déjà les mélodies dans la tête, déchiffrer les partitions, etc.). Selon l'avancement de l'apprentissage durant l'atelier, le set vu le jour-même sera reconduit à la semaine suivante au besoin. Le but n'est pas de faire du gavage, mais de bien intégrer les nouveaux morceaux.

Le travail collectif consistera à jouer tout d'abord lentement les morceaux (si possible en écoutant le morceau ralenti par un logiciel), en repérant les ornementations. Entre 30 min et 45 min seraient consacrées par morceaux en théorie. Le but de l'atelier n'est pas de parvenir à jouer à 120bpm le morceau à la fin de la séance mais plutôt à "débroussailler" le set, à mettre le doigt sur certaines difficultés et s'entraider, poser toute question relative au set. Pour le reste, un travail personnel est bien sûr nécessaire si chacun veut pouvoir jouer ces mêmes sets en session, au tempo qu'il faudrait.

Une pause goûter sera de rigueur aussi durant la séance. Chacun pourra ramener des encas chez la personne qui accueille.

♣ Chaque séance d'atelier aura lieu quelque soit le nombre de participants. L'initiative vient de René et des membres de Blossom, donc il est fort probable que vous y retrouviez presque systématiquement notre doyen (violon), Thomas (guitare dadgad, bouzouki), Marilyne (whistles et flûte) et moi-même (concertina). Cependant sachez qu'aucune séance n'est obligatoire. Chacun est libre de venir ou de décliner, pour des raisons personnelles ou "affectives" si je puis dire ("le set à jouer ne me plaît pas ou je le connais déjà"). Cela doit rester avant tout un plaisir et un partage. L'atelier fonctionnera toujours tant qu'il y aura au moins 2 personnes qui seront présentes.

♣ Le calendrier des ateliers sera visible sur le blog que Virginie avait mis en place avec donc le choix du set à travailler avec supports vidéos ou audios et partitions. Ainsi, même ceux qui n'ont pu être présents lors de la séance, pourront également travailler de leur côté s'ils le souhaitent. Pas de mots de passe sur le blog, ce sera ouvert au monde entier.

♣ Évidemment, ces ateliers seront gratuits (je préfère le préciser au cas où).

Les séances débuteront officiellement le 2 octobre. Un premier essai a eu lieu cette semaine et un set de reels joué par les Dubliners a été choisi. Retrouvez les partitions en .pdf sur le blog en suivant ce lien : https://sites.google.com/site/irishsessionsmetz/ateliers-mti


Tags : Enjoy, Happy, Glad, Irish Music, Friends, Love the Life, Cakes, Guinness,... ♥♣♫

vendredi 23 septembre 2011

Des cours de piano...

Contre tout attente en ce qui me concerne, j'ai donné mon premier cours de piano aujourd'hui. Je suis loin de me considérer comme très bonne au piano. Je ne suis pas pianiste et cela fait longtemps que je n'ai pas travaillé mon instrument comme je devrais le faire si je voulais vraiment m'affirmer dans ce domaine. Pendant longtemps j'ai eu un blocage avec lui. Mauvaise expérience de conservatoire en fait. Et puis j'ai dû abandonner les cours à 18 ans pour des raisons financières et j'ai toujours l'horrible sentiment que ma formation pianistique est incomplète. Après "huit ans" de conservatoire, voilà donc sept ans que je travaille mon instrument de manière autodidacte et décousue en fonction des besoins de mes groupes de musique. Mais c'est aussi comme ça qu'on apprend... en attendant d'avoir une situation financière stable avant de moi-même reprendre des cours...

Cependant, mon point de vue sur la musique ayant évolué avec le temps grâce à mes groupes de musique éclectiques, l'apprentissage d'autres instruments, et l'enseignement que je donnais au bodhràn (percussion irlandaise), cela m'a permis d'accepter de donner mon premier cours de piano aujourd'hui. Mon élève est une vieille connaissance qui débute totalement, ce qui est d'une part rassurant, et d'autre part, plus "facile". Du coup, je peux commencer par les bases sereinement oscillant de la technique pianistique, à la théorie musicale et au travail d'écoute qui est très important à mes yeux. Je ne veux surtout pas enseigner de la même manière qu'au conservatoire. Comme disait Margitte Varo dans son livre sur l'Enseignement Vivant du Piano écrit en 1920 (fort fort intéressant et loin d'être démodé au contraire !), la musique comme on l'enseigne au conservatoire est une sorte de tue-l'amour affreux. C'est froid, vide, théorique, et chiant à mourir (dit avec mes propres mots bien sûr, et non les siens ^^, mais l'idée est là). J'ai toujours rêvé de cours où une vraie passion s'installe, la musique comme besoin vital (le côté relaxant de la musique) et  où l'échange est constant (utiliser la manière socratique pour faire prendre conscience des choses, et accepter aussi que l'élève peut en apprendre à son professeur). Alors au début, c'est sûr, les exercices ne sont pas forcément très drôles, mais avec un bon suivi, les progrès peuvent vite arriver et on peut passer à des morceaux sympas et faciles. 

Mon travail - du moins, je vais faire en sorte, sans la moindre prétention - consiste à lui enseigner le piano de manière intéressante, variée et proche de la réalité musicale. Comprendre la musique, et pas seulement exécuter froidement une partition. Faire fonctionner la mémoire et travailler son oreille tout autant que la technique. Choses indissociables. Je vais aussi vite l'habituer à la notation ABC, et on pourra travailler des morceaux modernes à l'avenir en se basant sur des grilles d'accords comme moyen mnémotechnique outre la partition. Bref, c'est une première pour moi, mais je sais dans quelle direction aller pour la contenter et la faire progresser à son rythme.

En tout cas, j'étais bien contente de cette première leçon. Partager une passion, c'est quand-même gratifiant. Et puis c'était agréable de jouer sur son Yamaha d'étude ♥ Faut absolument que je récupère chez mes parents mon vieux Royal qui n'attend que de trôner dans mon salon à moi... * soupire et rêve *

Heu... des bras pour m'aider à le déménager un week end à venir ? ^^

jeudi 15 septembre 2011

Péplum d'Amélie Nothomb


Mon 2è roman d'Amélie Nothomb après Stupeur et Tremblement, lu il y a quelques années juste avant la sortie du film correspondant. J'en profite pour en parler avant d'entamer de nouveaux articles dédiés à la musique ^^. Pour une fois que j'ai le temps de lire ! Mais bon, là, ça ne compte pas trop, car c'est un roman très court (moins de 3h de lecture). J'ai profité du temps qui m'étais imparti pendant que ma voiture se faisait triturer...

Voici donc Péplum d'Amélie Nothomb. L'histoire est originale dans le sens où A.N., écrivaine de la fin du XXè s., se réveille un matin au XXVIè s. car elle aurait découvert la vraie raison pour laquelle la ville de Pompéi s'est faite ensevelir par la lave et est restée miraculeusement intacte. S'ensuit alors un long dialogue entre elle et Celsius, scientifique du futur, qui tourne très vite au débat, voire au procès. C'est un affrontement verbal constant entre ces deux êtres que tout sépare, outre les siècles. Dans ce roman de science-fiction, on retrouve l'idée de hiérarchie / caste comme dans le Meilleur des Monde de Aldous Huxley ou encore Les Monades Urbaines de Robert Silverberg, la technologie a atteint des pointes qui nous dépassent aujourd'hui, comme les voyages dans le temps, et les questions de l'importance de la beauté de l'art contre celle de la vie humaine sont récurrentes (cf extrait à la fin de l'article).

Je crois que ce qui m'a le plus remuée dans ce débat, c'est la position du Sud et son sort dans l'avenir, que nous propose Amélie Nothomb. Pas très optimiste comme futur de manière globale ! Les utopies font toujours froid dans le dos ! Mais bon, je n'en dis pas plus, sinon je spoile tout :p

En somme un roman qui se lit vite et que je recommande. Ce n'est pas non plus le livre du siècle, mais l'idée de sujet, la manière dont il est amené et le côté débat cynique m'ont plu. :) Merci J. pour la découverte !

Extrait p.78 éd° le Livre de Poche : 

[A.N. :] - En tout cas, vous avez réussi le musée le plus incroyable, à Pompéi : un musée en lave !
[Celsius :] - Pompéi est plus qu'un musée. Pompéi est la vie même.
- Vous avez une drôle de conception de la vie.
- Allons ! Vous savez bien que quelques milliers de petites existences ne pèsent pas lourd sur la balance de la Vie – de la Vie avec un V majuscule. 
- Vous n'auriez sans doute pas dit cela si c'était de votre vie qu'il avait été question. 
- Détrompez-vous. Si vous croyez que j'accorde de la valeur à ce qui me tient lieu de vie ! Ce qui, dans mon existence, a le mieux évoqué la Vie, la vraie Vie, ce fut ma découverte de Pompéi. 
- Vous avez prouvé à cette ville votre reconnaissance d'une manière étrange. 
- Je lui ai donné l'éternité. Vous parliez d'amour : n'est-ce pas le plus bel acte d'amour ?

vendredi 9 septembre 2011

Le Paradoxe de la passion de Delis & Phillips


Autant le dire tout de suite, ce livre n'a rien à voir avec la littérature psychologique bourrée de clichés tels les ouvrages sur "les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus" et autre torchon de bouquin de salle d'attente de médecin généraliste (même la littérature réservée aux besoins fécals sont tout de même bien plus hilarantes). Mais je m'égare en devenant vulgaire ^^ 

Revenons à cet ouvrage. Celui-ci traite d'un sujet épineux : le Paradoxe de la passion, ce déséquilibre au sein d'un couple qui fait que tout va de travers. On se retrouve soit en position de dépendant (celui qui étouffe l'autre et qui demande tant d'attentions) ou de dominant (celui qui doute le plus, qui aurait besoin de plus de liberté et qui culpabilise à mort). Pour ma part, ayant déjà été dans les deux cas, lors de relations différentes - mais cela peut apparemment se produire avec une même personne - j'ai pu à travers ce livre, mieux comprendre certains mécanismes et ainsi prendre du recul sur mon passé.

Le Dr Dean Delis, psychologue, est professeur de psychiatrie à l'école de médecine de l'université de Californie a reçu beaucoup de couples en thérapie et avec le temps il a collecté un sacré échantillon de combinaisons. Avec le temps et l'expérience, il a essayé de comprendre ce qui nous poussait à être soit dépendant soit dominant et propose des solutions. Loin des potions miracles, il met en avant la communication au sein du couple et l'importance de ne pas culpabiliser l'autre quelque soit sa position. Jusque là, rien de neuf penserez-vous ? Disons que le travail de Delis permet de mieux saisir le pourquoi du comment, mieux anticiper, et mieux encaisser aussi. Et si rien n'y fait pour améliorer son couple, il propose aussi un chapitre sur l'art de rompre.
J'ai trouvé l'approche intéressante. A travers des exemples concrets de ses patients, la lecture est ainsi plus dynamique, moins théorique, plus agréable. C'est un ouvrage sérieux qui mérite de l'attention. Cela en aiderait plus d'un à améliorer sa vie de couple...


Extrait Introduction p. 17

Le Paradoxe de la passion


Pour tenter de comprendre l'approche habituelle des problèmes relationnels, je commençai par en reconsidérer les données de base. Je décrivis, pour moi-même et en termes aussi simples que possible, ce qui déstabilisait le plus souvent les relations affectives de mes clients (et aussi les miennes, bien sûr). Voici la conclusion à laquelle j'arrivais : l'un des partenaires est plus amoureux (ou plus investi dans la relation) que l'autre. Et plus ce partenaire demande d'amour à l'autre, moins ce dernier est disposé à lui en donner. Je venais de décrire un état de déséquilibre dans lequel le partenaire le plus amoureux se trouve en position "dépendante" tandis que le moins amoureux est en position "dominante". [...]



lundi 5 septembre 2011

L'Enchanteur de Barjavel




Encore un roman de Barjavel, dévoré passionnément. Il faut dire, à mon goût, Barjavel est le meilleur écrivain français qui puisse exister. Plus connu pour ses romans de science-fiction, il est l'auteur également de livres merveilleux, tel les Dames à la Licorne, ou encore comme ici L'Enchanteur.

Il existe beaucoup de légendes concernant Merlin, le cycle arthurien et la quête du Graal. Ici, Barjavel nous livre un condensé de ses lectures et un avis personnel sur tous ces sujets avec brio. La Quête du Graal revient finalement à rechercher le sens de toute chose, et l'amour est un des sujets principaux du roman. Comme d'habitude, les descriptions de cet auteur valent le détour, tout prend une dimension plus pure et les images employées sont absolument propres à Barjavel, autrement dit, magnifiques (voir extrait à la fin de cet article).

Je ne remercierais jamais assez mon ami Hadrien pour ce prêt. Après Les Dames à la Licorne, lu durant mon séjour en Irlande, j'ai pu m'évader pendant mes huit jours de vendanges. Il va sans dire que j'étais très motivée de finir ma journée rien qu'à l'idée de pouvoir continuer l'histoire ! On espère tout le long du roman que chacun des héros - chevaliers de la Table Ronde - va enfin réussir l'épreuve du Graal proposée par le Roi Pêcheur, mais on se rend compte que, malgré toute l'énergie de Merlin à former ses hommes, ils échouent, et la raison principale de leur échec est l'amour, à des échelles à chaque fois différente. Le vieil Enchanteur fait en sorte qu'Arthur prenne le trône de Camaalot qui lui revient de droit. Il insiste sur l'éducation de Perceval le naïf, Lancelot du Lac ainsi que Galaad, le fils de ce dernier, tentant d'améliorer ce qui n'allait pas. Mi-homme, mi-démon (Merlin ayant été engendré par une Vierge et le Diable), ce sage n'en reste pas moins humain et peut commettre des erreurs, et n'est pas plus à l'abri des pièges de l'amour, tout autant que les Chevaliers de la Table Ronde, ce qui nous rend aussi très proche de son personnage.

Barjavel parvient à travers son roman à nous attacher à chacun de ses personnages, même les secondaires. Il nous raconte aussi des anecdotes légendaires, comme la présence des pierres de Stonehenge ou l'origine de l’apparition des chats sur le sol breton.

Vous trouverez également beaucoup de symboliques à travers son livre, et si vous souhaitez approfondir ce point, je vous invite à jeter un œil sur une critique intéressante qui a été postée en ligne :

Pour tous les amoureux ou curieux des légendes arthuriennes, pour tous les fans de Barjavel ou tous ceux qui ne l'ont pas encore découvert, je vous invite vivement à vous plonger dans son histoire...

Extrait p.341, éd. Folio, la première nuit d'amour entre Guenièvre et Lancelot :

"Ici, nous ne pouvons que nous taire. Pour décrire l'amour qui s'accomplit, tant de joie éperdue, la timidité d'abord, peut-être l'effroi, le cœur qui veut sauter hors de la poitrine, les mains qui veulent connaître, qui se tendent, qui se posent, qui se brûlent, la découverte, l'émerveillement, les corps qui se joignent peau à peau et s'unissent, la lassitude, la tendresse, la gratitude infinie, et la redécouverte et le nouvel élan, et les frontières de la joie sans cesse reculées, et celle du monde volant en gêne, l'épanouissement de l'esprit qui comprend tout, pour donner même une faible idée de ces moments hors du temps et de toutes contraintes, il faudrait employer d'autres mots que ceux dont dispose le langage ordinaire. Pour parler des joies de l'amour et des lieux du corps, il n'existe que des mots orduriers ou anatomiques. Ou d'une pauvreté si misérable, qu'ils sont comme une peinture grise sur le soleil. Le plus affreux d'entre eux est le mot "plaisir".
Les amants inventent leur propre vocabulaire, mais il n'a de signification que pour eux. Alors laissons Guenièvre et Lancelot murmurer, balbutier, chanter leur amour, leur folie, leur éblouissement. La porte s'est refermée. Éloignons-nous, en silence...
A L’INTÉRIEUR DE CETTE PAGE BLANCHE GUENIEVRE ET LANCELOT S'AIMENT." 
(*soupir...*)



samedi 3 septembre 2011

Vendanges en Champagne 2011


Vendredi 2 septembre 2011. 12h49. Je suis dans un agréable jardin de la maison meusienne de ma tante. Tout est calme, verdoyant et apaisant. J'ai enfin pu dormir jusqu'à 10h30 ce qui ne fut pas le cas pendant les 8 derniers jours à Venteuil, en Champagne.
Toujours désireuse de récolter des fonds pour payer mon école de chant à Nancy, j'ai demandé à refaire les vendanges cette année. Sept ans auparavant, je coupais le raisin pour la première fois, et au sortir de cette expérience, au plus profond de moi, je m'étais dit "plus jamais". Faut dire, suite à cette première tentative, j'ai eu de gros problèmes à mes genoux pendant les deux années qui suivirent. La douleur se réveillait de temps en temps.
On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Me voilà réembarquée sur la galère des vignes pour trimer plusieurs jours comme un nègre. Mais le besoin de gagner de l'argent en peu de temps se faisait plus important que la santé. De toute façon, je n'en suis pas morte. Et puis, cela m'a un peu réconcilié avec ce dur travail : j'en ai même eu un regard différent.

Le paysage de Champagne est magnifique. Le matin le brouillard montait comme des blancs en neige dans la vallée pour disparaître sur les coups de dix heures. Nous étions sur les collines et nous profitions de la rosée matinale pour nous rafraîchir. En fait, nous avons eu droit à différents temps pour couper de 8h du matin à 17h30 voire 19h dans certains cas. Dans la globalité le ciel était nuageux, mais nous avons essuyé une grosse journée de pluie à laquelle nous n'étions pas préparés et trois jours sous un soleil de plomb. Chaque jour nous proposait une nouvelle épreuve, physique ou morale. D'abord les douleurs au dos. La fameuse barre au niveau des reins. Les vignes ne sont pas très hautes et nous sommes plus rapides en avançant dans cette position. Puis les articulations des genoux. Car quand on en a marre de se coincer le dos, on se met accroupi, ou sur les genoux. D'ailleurs mes jambes sont couvertes de bleus. Vient ensuite la douleur au niveau de l'articulation des doigts de la main qui tient le sécateur. Quand ça fait mal de couper avec la main droite, on passe à la main gauche... De temps en temps, on se coupe l'extrémité des doigts. Les pansements tiennent mal à cause du jus du raisin, qui, agressif, attaque la plaie sans hésiter. Avec le soleil on a droit aussi aux brûlures si on se protège mal. Les vendangeurs dépendent du temps : le pire c'est de couper sous la pluie. Les chaussures s'enfoncent dans la boue, l'eau pénètre rapidement sous les vêtements, le froid envahit le corps. Sur le coup je me suis imaginée en temps de guerre des tranchées en me disant que ce que je vivais était à des années lumières de ce qu'avaient subi les Poilus – on relativise comme on peut. Le pire aussi ce sont les vignes en côte. Les pentes sont vertigineuses et dangereuses, pleines de petits cailloux qui n'attendent qu'un pied distrait pour rouler un peu. Ma tante de 60 ans en a d'ailleurs fait les frais en se fracturant ce jour-là la cheville. Le cagnard nous brûlait la peau tandis que nous montions les longues vignes pentues en plein après-midi jusqu'à 19h, avec peu de pauses pour rattraper notre retard.

Ça c'est pour les douleurs physiques. Mais il y aussi des épreuves morales : dans une journée il y a un quotta de caisses de raisin à fournir au pressoir. (D'autres vignerons rémunèrent leurs vendangeurs à "la tâche", donc en fonction de caisses remplies, tandis que nous, nous étions payés à la journée, ce qui est en quelque sorte une sécurité d'emploi...). Tant qu'il n'y a pas le compte, on continue de couper. Mais outre sa propre vitesse à gérer, il y a aussi la chance de tomber sur de bonnes vignes. Si la grêle a attaqué la région, vous êtes sûrs de tomber sur de mauvaises grappes tâchées, à la croissance stoppée ou carrément pourries et fumantes quand écrasées dans la main. Même les grappes pourries, il faut les couper pour les laisser par terre. Et l'on remplit avec peine son petit panier qui est ensuite transvasé dans des grosses caisses destinées au pressoir. Au contraire quand les grappes sont belles, le travail est vite expédié. Mais ce n'est pas le cas tous les jours. Autre fait pénible : les longues vignes. Une petite vigne est coupée en moins d'une demie heure avec un binôme (nous coupons en vis à vis), mais pour les grandes, cela durait deux à trois fois plus longtemps. Cela pouvait sembler interminable. Mais pas le choix, il faut toujours couper et avancer pour répondre au rendement, relever la tête le moins de fois possible pour ne pas perdre de temps. Et faire en sorte de ne pas se laisser distancer par les autres. En gros, aller vite sans se faire mal... et quand on termine son allée, il faut aller aider les retardataires pour entamer une nouvelle vigne. Les premiers jours furent durs dans la mesure où le corps devait s'habituer à la contorsion. Il faut un moral d'acier pour faire les vendanges si la condition physique n'est pas suffisante. Au début on compte les jours achevés en se criant intérieurement "victoire". Et plus les jours passent, plus le corps s'habitue, on trouve de nouvelles stratégies pour couper à moindre maux. Notamment changer de positions rapidement, ne pas attendre d'avoir mal pour changer, passer de assis, à sur les genoux, accroupis à penché, le tout rapidement. C'est la recette pour supporter les 8 à 10 jours de coupe. Et puis parfois, au bout de plusieurs jours, alors qu'on commence à compter les jours à rebours (enfin !), c'est les tensions au sein du groupe qui se révèlent, car on vit les uns sur les autres, l'affect prend le pas s'il y a des gens proches, et cela éclate. Un nouveau coup dur pour tout le groupe qui coupe avec mauvaise volonté.

Cela semble inhumain comme travail. Il y a de ça. En tout cas, par rapport aux métiers d'aujourd'hui, c'est clair. Dans le temps, c'était normal de trimer physiquement toute la journée. Nos ancêtres étaient tout de même plus costauds que nous qui, à la moindre tâche ingrate, se plaint de la douleur, des conditions de travail, de tout, de rien. Et puis l'on essaie de voir les choses autrement, car il le faut de toute façon pour supporter tout ceci quand on est habitué au confort. Je me souviens qu'il y a sept ans, avant d'aller travailler et après la dure journée, nous roulions pendant 2h pour rentrer dormir à la maison. Rebelote le lendemain matin très tôt pour arriver à temps pour couper. C'était extrêmement épuisant. Nous dormions peu, les articulations prenaient une claque supplémentaire, et j'avais vraiment l'impression de ne faire que ma tâche ingrate, tant que la nuit, je rêvais de couper du raisin. Cette année, il en fut autrement, d'une part parce que nous dormions sur place, d'autre part, parce que j'avais ramené de la lecture, qui me permettait de m'évader et de rêver de choses plus extraordinaires. Nous prenions le temps de dormir aussi, bénéficiant ainsi d'un sommeil réparateur, idéal pour réattaquer la nouvelle journée.


Dormir, manger "convenablement" (ok, des sandwich le midi c'est pas génial mais bon) sans se priver, et se faire plaisir. Les biens essentiels. J'en arrive à ma vision idéalisée des vendanges. Pour avoir parcouru une partie du Chemin de Saint Jacques de Compostelle, j'ai eu de temps en temps les mêmes sensations que lorsque je parcourais l'Espagne à pieds, subissant des épreuves diverses, tant physiques que morales. Dans les vignes, c'était parfois pareil. J'étais là, en train de couper le raisin, pleine de terre, peu de vêtements avec moi, en me fichant de mon apparence, n'ayant emporté que l'essentiel avec moi – à savoir des livres, mon journal intime pour y écrire mes ressentis, mon concertina et tout le nécessaire de base – ayant l'objectif de terminer ma tâche malgré tout. Et puis je voyais les feuilles de vigne scintiller par le soleil du matin et de la fin d'après-midi (les moments que je préférais). Je profitais le plus possible de la douceur des feuilles de vigne et j'admirais le paysage environnant, et ses odeurs. Malgré les douleurs, je me sentais bien au bout de la 4è journée. J'avais commencé à prendre mon rythme et n'avais plus peur de me faire mal. J'avais pris un nouveau mode de vie en me levant à 7 heures, préparant le petit déjeuner pour ma bande, m'habiller, aller couper, rentrer en fin de journée, prendre ma douche, écrire ou aller à la clinique voir ma tante hospitalisée, manger, lire, le tout dans une ambiance bucolique. Et chaque jour j'attendais impatiemment le soir pour poursuivre les aventures de L'Enchanteur de Barjavel.

J'idéalise car c'est dans ma nature. Mais au fond, lorsque l'on regarde la population globale des coupeurs, on se rend véritablement compte d'une certaine misère. Rien qu'en allant faire les courses au supermarché remplis de vendangeurs, on pouvait se rendre compte de tout cela : le manque d'argent, le besoin de se ruiner la santé pour gagner un peu sa croûte. Quand on est étudiant, je dirais que c'est normal, qu'à notre âge on se doit de faire ce genre d'expérience pour en apprendre de la vie et comprendre qu'il faut se battre pour parvenir à ses fins. Mais quand on est censé être dans la vie active, avec des enfants, ou retraités, là je trouve qu'il y a un problème. Beaucoup d'étrangers, de gens du voyage, de cas sociaux, des gens qui prennent de l'argent là où il y en a et où l'on veut bien d'eux. Et quand je vois ma tante de 60 ans et mon oncle de 70 ans faire les vendanges, alors qu'ils sont retraités, je me dis là encore qu'il y a un gros souci. Pour ma part, je ne pense pas que j'irais couper le raisin à nouveau. Je sais que ce n'est pas ma place et de toute façon je me suis réservé un tout autre avenir, qui je le crois, va suffisamment m'occuper, pour que je me ruine encore la santé à aller couper le raisin. Mais, qui sait, peut-être que dans sept ans, j'aurais de nouveau besoin d'argent rapidement...


Le dernier jour des vendanges, nous fumes surpris d'apprendre que nous ne couperions pas le lendemain. Le départ du retour fut précipité, et nous fumes heureux de recevoir nos enveloppes avec notre salaire bien mérité. C'était aussi prématuré de se quitter les uns et les autres. J'avais bien sympathisé avec mes camarades de chambres (trois sœurs qui se chamaillaient sans cesse, mais tellement adorables) ainsi que celui avec qui nous partagions le repas. Je ne sais pas si j'aurais l'occasion de les revoir un jour, mais nous avons pris le contact de chacun. J'étais contente de faire ce petit bout de chemin avec eux dans cette épreuve. J'en aurais encore beaucoup appris sur moi-même...
Et voilà 500€ mis de côté pour ma future école ! Le jour J approche de plus en plus... Ma rentrée aura lieu le 24 octobre...

M.A.I. La chasse aux subventions #5


Good news ! J'ai enfin pu envoyer mon dossier de demande de subventions pour le Conseil Régional et ce grâce à Sylvie Mertz ♥. Si vous vous souvenez bien, il me manquait une pièce maîtresse afin de compléter et achever mon dossier : la fameuse promesse d'embauche. Contre toute attente c'est Sylvie qui a répondu favorablement à ma requête : en somme je serai professeur de chant à l'Ecole de Musiques Actuelles de Lorraine de Châtel Saint Germain dès la rentrée 2012, au sortir de ma formation ! L'avantage de cette école, c'est qu'elle propose des enseignements variés, des cours de 45 min et un véritable travail pédagogique à l'écoute des élèves tant enfants qu'adultes et à qui l'on propose différents projets artistiques durant l'année (notamment des spectacles originaux de fin de saison). Finies les auditions solitaires stressantes devant la famille, ici on prône l'échange et le partage avec d'autres musiciens. On apprend aussi à mieux jouer / chanter grâce aux autres.

Les fondateurs ainsi que les professeurs actuels de l'école

Musiques actuelles ça sous-entend aussi que je pourrai avoir des élèves de tous horizons et cela me plaît, étant moi-même un patchwork de plusieurs styles musicaux. Grâce à cette promesse d'embauche, je vais pouvoir aborder la M.A.I. sous un angle encore plus professionnel : apprendre de la technique certes pour être meilleure sur scène, mais aussi comprendre les enseignements et exercices vocaux pour développer sa voix de différentes manières. Il sera ainsi plus aisé pour moi de transmettre cet enseignement grâce aux différents cours de la M.A.I.

C'est tout de même encourageant quand quelqu'un a confiance en vous et en vos capacités. J'ai l'intime conviction qu'il va se passer beaucoup de belles choses dans cette jeune école et que de chouettes projets vont y naître. J'ai hâte d'y faire mes premiers pas ! Et comme je dois effectuer un stage dans le cadre de ma formation professionnelle à Nancy, il y a de fortes probabilités que ce soit à Châtel St Germain afin d'avoir déjà un aperçu de l'école dans la vie de tous les jours (déroulement des cours, les futurs élèves que j'aurai, les différents projets et spectacles proposés, la communication avec les parents, l'échange avec les autres professeurs, etc.).

Maintenant que mon dossier est béton, je n'ai plus qu'à attendre la réponse du Conseil Régional. A ce qu'il paraît il faut au moins attendre un mois avant d'avoir un retour positif ou négatif. L'attente va être très longue je crois ! Mais ce serait merveilleux si je pouvais obtenir les 3050€ d'aides en fin de cursus !

En fait après un bref calcul, je suis actuellement à 1775€ de dons. 1500€ vont être ajoutés de ma poche (dont 500€ gagnés lors de mes vendanges qui se sont achevées hier à peine : lire l'article de mon expérience dans les vignes ici).
Or : 6720 (prix d'inscriptions M.A.I.) - 1775 (dons) - 1500 (investissement personnel) - 3050 (aides du Conseil Régional) = 395 €

En somme, il me faut encore trouver 395€ pour financer mon projet si j'arrive dans l'idéal à recevoir les aides du Conseil Régional... Ah ! je ne dois pas lâcher le morceau ! Je suis près du but ! Il faut que ça marche !

La suite aux prochaines news...


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