lundi 5 septembre 2011

L'Enchanteur de Barjavel




Encore un roman de Barjavel, dévoré passionnément. Il faut dire, à mon goût, Barjavel est le meilleur écrivain français qui puisse exister. Plus connu pour ses romans de science-fiction, il est l'auteur également de livres merveilleux, tel les Dames à la Licorne, ou encore comme ici L'Enchanteur.

Il existe beaucoup de légendes concernant Merlin, le cycle arthurien et la quête du Graal. Ici, Barjavel nous livre un condensé de ses lectures et un avis personnel sur tous ces sujets avec brio. La Quête du Graal revient finalement à rechercher le sens de toute chose, et l'amour est un des sujets principaux du roman. Comme d'habitude, les descriptions de cet auteur valent le détour, tout prend une dimension plus pure et les images employées sont absolument propres à Barjavel, autrement dit, magnifiques (voir extrait à la fin de cet article).

Je ne remercierais jamais assez mon ami Hadrien pour ce prêt. Après Les Dames à la Licorne, lu durant mon séjour en Irlande, j'ai pu m'évader pendant mes huit jours de vendanges. Il va sans dire que j'étais très motivée de finir ma journée rien qu'à l'idée de pouvoir continuer l'histoire ! On espère tout le long du roman que chacun des héros - chevaliers de la Table Ronde - va enfin réussir l'épreuve du Graal proposée par le Roi Pêcheur, mais on se rend compte que, malgré toute l'énergie de Merlin à former ses hommes, ils échouent, et la raison principale de leur échec est l'amour, à des échelles à chaque fois différente. Le vieil Enchanteur fait en sorte qu'Arthur prenne le trône de Camaalot qui lui revient de droit. Il insiste sur l'éducation de Perceval le naïf, Lancelot du Lac ainsi que Galaad, le fils de ce dernier, tentant d'améliorer ce qui n'allait pas. Mi-homme, mi-démon (Merlin ayant été engendré par une Vierge et le Diable), ce sage n'en reste pas moins humain et peut commettre des erreurs, et n'est pas plus à l'abri des pièges de l'amour, tout autant que les Chevaliers de la Table Ronde, ce qui nous rend aussi très proche de son personnage.

Barjavel parvient à travers son roman à nous attacher à chacun de ses personnages, même les secondaires. Il nous raconte aussi des anecdotes légendaires, comme la présence des pierres de Stonehenge ou l'origine de l’apparition des chats sur le sol breton.

Vous trouverez également beaucoup de symboliques à travers son livre, et si vous souhaitez approfondir ce point, je vous invite à jeter un œil sur une critique intéressante qui a été postée en ligne :

Pour tous les amoureux ou curieux des légendes arthuriennes, pour tous les fans de Barjavel ou tous ceux qui ne l'ont pas encore découvert, je vous invite vivement à vous plonger dans son histoire...

Extrait p.341, éd. Folio, la première nuit d'amour entre Guenièvre et Lancelot :

"Ici, nous ne pouvons que nous taire. Pour décrire l'amour qui s'accomplit, tant de joie éperdue, la timidité d'abord, peut-être l'effroi, le cœur qui veut sauter hors de la poitrine, les mains qui veulent connaître, qui se tendent, qui se posent, qui se brûlent, la découverte, l'émerveillement, les corps qui se joignent peau à peau et s'unissent, la lassitude, la tendresse, la gratitude infinie, et la redécouverte et le nouvel élan, et les frontières de la joie sans cesse reculées, et celle du monde volant en gêne, l'épanouissement de l'esprit qui comprend tout, pour donner même une faible idée de ces moments hors du temps et de toutes contraintes, il faudrait employer d'autres mots que ceux dont dispose le langage ordinaire. Pour parler des joies de l'amour et des lieux du corps, il n'existe que des mots orduriers ou anatomiques. Ou d'une pauvreté si misérable, qu'ils sont comme une peinture grise sur le soleil. Le plus affreux d'entre eux est le mot "plaisir".
Les amants inventent leur propre vocabulaire, mais il n'a de signification que pour eux. Alors laissons Guenièvre et Lancelot murmurer, balbutier, chanter leur amour, leur folie, leur éblouissement. La porte s'est refermée. Éloignons-nous, en silence...
A L’INTÉRIEUR DE CETTE PAGE BLANCHE GUENIEVRE ET LANCELOT S'AIMENT." 
(*soupir...*)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire